Chapitre 2

Lieux

Les ruelles de Séville

L’entrepôt d’épices

Les ruelles de Séville

Les quais

La cale du navire

Personnages

Esteban

Rafael

Lucia

Diego

Les gardes

Le molosse

Un passant ivre

Séquences clés

📌 Préparation

  • Observation de l’entrepôt par la bande
  • Détermination du point de fuite (ruelle des artisans)
  • Mise en place du plan : corde, descente silencieuse

📌 Intrusion

  • Accès discret par le muret
  • Descente dans la cour
  • Extraction des sacs d’épices

📌 Alerte

  • Apparition du molosse
  • Lucia en danger – Esteban intervient
  • Tonneau renversé → alarme déclenchée
  • Début de la panique

📌 Fuite

  • Séparation du groupe
  • Esteban devient le seul poursuivi
  • Poursuite haletante à travers les ruelles
  • Obstacle : un garde surgit, détour imposé

📌 Évasion

  • Esteban arrive aux quais
  • Dernière option : escalader une amarre de navire
  • Monte à bord, se cache dans la cale

📌 Clôture

  • Sommeil agité → suspense pour la suite
  • Seul, terrifié, Esteban pense aux autres
  • S’enroule dans sa cape, lutte contre le froid et la peur

Tapie dans l’ombre, la bande d’Esteban observait l’entrepôt. Tout était conforme à ce que Lucia avait décrit : la disposition des caisses, le muret bas pour s’introduire discrètement, l’absence apparente de gardes. Le calme apparent était presque rassurant.

Rafael, accroupi à côté d’Esteban, scrutait les alentours avec une attention minutieuse. Ses yeux suivaient le parcours à escalader pour rejoindre la cour intérieure. Ils seraient légèrement visibles de la rue, mais la lune n’était pas encore levée. La nuit serait leur meilleure alliée.

« Tout semble parfait, » murmura-t-il. « Mais si ça tourne mal, personne ne rentre directement au refuge. Trop risqué si on nous suit. On se retrouve derrière l’atelier du maître teinturier Velasco, dans la ruelle des artisans. »

Esteban, lui, sentait son estomac se nouer. Le plan était pourtant simple : s’introduire silencieusement dans l’entrepôt en profitant de l’obscurité, récupérer un maximum de sacs d’épices, puis s’enfuir avant que quiconque ne les remarque.


Si des passants dans la rue avaient levé la tête, ils auraient aperçu des silhouettes se fondant dans la nuit, glissant furtivement d’un mur à l’autre avant de disparaître derrière le muret. Mais ces passants étaient tous affairés à leurs tâches : un marchand comptait ses pièces sous la lueur vacillante d’une lanterne, un couple disputait le prix d’un lot de fruits, tandis que des dockers épuisés achevaient leur dernière bière avant l’aube. Personne ne les vit, à part un petit chat tigré qui, posté sur un tonneau, plissait les yeux en les observant. Il s’étira lentement, puis bondit gracieusement vers le muret, poursuivant une quête bien différente de celle des intrus.

Esteban fut le premier à atterrir dans la cour pavée. Il fléchit légèrement sous l’impact avant de se redresser immédiatement. Lucia suivit avec souplesse, amortissant sa chute en roulant sur l’épaule. Diego, lui, arriva plus lourdement, ses pieds frappant le sol avec un bruit sourd qui fit tressaillir Rafael. Tous se figèrent un instant, scrutant l’ombre et le silence environnants.

« Diego, sors la corde. On fait vite, » murmura Rafael.

Lucia et Diego s’affairaient à attacher les sacs les plus légers aux cordes pour les descendre discrètement vers la ruelle. Rafael, toujours en retrait, jetait des coups d’œil nerveux en direction de l’entrée.

Tout se passait bien, et son inquiétude commençait à s’estomper.

Jusqu’à ce qu’un grondement sourd monte des ténèbres.


L’air se figea, vibrant sous le poids de la menace. Puis, d’un bond foudroyant, une masse sombre jaillit de l’ombre, projetant une silhouette monstrueuse sous la lueur tremblotante des torches. Le molosse était immense, son pelage noir hérissé, ses crocs dévoilés dans un rictus de bête affamée. Ses yeux, braises incandescentes, foudroyèrent les intrus. Il était prêt à frapper.

Lucia étouffa un cri et recula brusquement. Trop brusquement. Son pied heurta un tonneau qui bascula dans un fracas assourdissant. Le bruit résonna dans l’entrepôt comme un coup de tonnerre.

Une voix s’éleva dehors. « Qui va là ?! »

« Foncez ! » siffla Diego.

La panique éclata. Lucia trébucha sur une corde, peinant à retrouver son équilibre. Le molosse bondit.

Sans réfléchir, Esteban se jeta en avant et frappa de toutes ses forces. Son poing percuta le museau de l’animal, un réflexe appris des rues. Le molosse recula un instant sous l’impact, juste assez pour que Lucia roule hors de portée, haletante mais indemne.

Les cris des gardes se rapprochaient.

Rafael et Diego s’étaient déjà éclipsés dans l’ombre. Grâce à l’intervention d’Esteban, Lucia avait réussi à distancer ses assaillants, échappant de justesse à leur emprise. Mais le temps de se relever lui avait coûté de précieuses secondes. Déjà, les gardes se rapprochaient, leurs silhouettes sombres projetées sur les murs par la lueur vacillante des torches. Il pouvait entendre leur souffle court, chargé de rage. Chaque muscle de son corps criait à la fuite, son instinct hurlait qu’il devait bouger, maintenant. Seul, acculé dans la pénombre, tel un larron pris sur le fait, il savait qu’il était désormais leur proie.

Il devait fuir.


Son souffle court, son cœur battant comme un tambour de guerre, Esteban s’engouffra dans l’enchevêtrement de ruelles. Derrière lui, les bottes des gardes martelaient le sol, leur cadence implacable résonnant contre les murs de pierre. Chaque tournant était un choix vital, chaque ruelle une possible impasse. L’air nocturne, lourd et chargé d’humidité, collait à sa peau tandis qu’il peinait à reprendre son souffle.

Il dérapa sur les pavés humides, s’accrochant in extremis à un tonneau pour éviter de s’effondrer. Ses jambes vacillaient sous l’effort, mais il n’avait pas le temps de flancher. Une charrette abandonnée bloquait un passage latéral. Il bondit par-dessus dans un élan désespéré, sentant presque les doigts du garde effleurer son épaule. Une fraction de seconde de plus et il était pris.

Derrière lui, un fracas. Un garde avait renversé une pile de cageots, provoquant un tumulte de bois éclaté et d’insultes criées. Une voix enragée retentit, perçant la nuit comme un coup de clairon. Esteban bifurqua brusquement, manquant de heurter un passant ivre qui s’effondra en jurant. Une bouteille roula sur les pavés, éclatant dans un tintement strident qui sembla amplifier le chaos environnant. Les cris des gardes s’amplifièrent, se répercutant contre les façades, tout comme les battements de son cœur qui tambourinaient dans ses tempes.

Son regard accrocha enfin une issue : les quais, bordés de navires qui tanguaient sous la brise nocturne. L’odeur de sel et de poisson envahit ses narines, un contraste brutal avec la sueur qui perlait sur son front. Il pouvait presque entendre le clapotis des vagues contre les coques, une invitation à une fuite impossible.

« Par ici ! » cria Diego, quelque part dans l’obscurité.

Esteban amorça un pas vers eux, mais fut stoppé net.

Un garde émergea de l’ombre, épée au clair, son regard brûlant de détermination. La lumière d’une torche vacillante révéla les plaques de métal ternies de son armure, le rendant aussi implacable qu’un spectre de la nuit. Son souffle rauque témoignait de la traque éreintante, mais il ne comptait pas lâcher prise.

L’adrénaline explosa dans les veines d’Esteban. Il pivota violemment et s’élança dans la direction opposée, son instinct prenant le dessus. La peur, brute et dévorante, lui donnait l’énergie nécessaire pour continuer, mais jusqu’à quand ? Il se jeta au hasard dans l’obscurité, son seul espoir étant de disparaître avant que la poigne d’acier du garde ne se referme sur lui.


Il ne savait plus depuis combien de temps il courait. Il était seul, son corps engourdi par l’effort. Les autres devaient l’attendre derrière l’atelier du maître teinturier Velasco, mais il n’osait pas les rejoindre immédiatement. Il devait s’assurer qu’aucun garde ne le suivait.

Embranchement après embranchement, Esteban s’extirpa des ruelles étroites et réconfortantes pour déboucher sur les quais. Son souffle se coupa un instant : cet espace ouvert l’exposait, le rendant visible à tous. L’instinct lui criait de rebrousser chemin, de se faufiler à nouveau dans l’obscurité des bas-quartiers de Séville, mais un bruit de pas lourds derrière lui figea sa réflexion.

Les gardes approchaient.

Il n’avait plus le choix. Il devait avancer dans cet espace découvert, malgré le danger. Sa gorge était sèche, son cœur tambourinait dans sa poitrine. Chaque seconde d’hésitation réduisait ses chances de survie.

C’est alors que son regard se posa sur une amarre reliant un grand navire aux docks. Son seul espoir.

Sans réfléchir, il s’y suspendit et se hissa au-dessus des eaux noires. L’amarre grinça sous son poids, son corps tendu par l’effort et la peur. Les voix des gardes s’élevèrent derrière lui, mais il ne ralentit pas.

Les gardes scrutaient la place du port, leurs cris et invectives résonnant dans l’air froid. S’ils levaient la tête, ils le verraient. Mais il savait que leur attention restait fixée sur les quais et les ruelles adjacentes, rarement sur la mer et les bateaux amarrés. Priant intérieurement pour qu’aucun ne songe à lever les yeux, il continua son ascension.

Ses doigts glissèrent sur la corde humide, son corps bascula un instant dans le vide. Son cœur s’arrêta, puis il retrouva une prise juste à temps. Dans un dernier effort, il se hissa sur le pont et roula sur les planches, le souffle court.

Tremblant, le cœur battant, il rampa jusqu’à l’écoutille ouverte et se laissa glisser dans la cale. Son corps s’affaissa contre le bois humide, son souffle rauque résonnant dans l’obscurité.


Recroquevillé entre deux tonneaux, Esteban frissonnait. L’humidité de la cale s’infiltrait sous sa cape, et l’obscurité pesait sur lui comme un couvercle hermétique. Son souffle était encore saccadé par la course effrénée, son cœur peinant à retrouver un rythme normal.

Il pensa à ses compagnons, à Diego, qui avait toujours une solution, à Rafael, dont le calme et le leadership inspiraient confiance, et à Lucia, qui parvenait à rire même dans les pires situations. Où étaient-ils à présent ? S’étaient-ils tous retrouvé au point de rendez-vous, tentant de deviner son sort, ou avaient-ils été capturés ?

Il s’imagina leur réunion : Diego, bras croisés, insistant que le plan était bon et que seul le hasard les avait trahis ; Rafael, posant une main réconfortante sur son épaule, son regard empli d’un soutien silencieux ; Lucia, un sourire en coin, le traitant de tête brûlée d’un ton faussement moqueur. Il leur dirait qu’ils avaient échappé au pire, et qu’un jour, ils en riraient ensemble, même si, en cet instant, la peur leur serrait encore l’estomac. C’était une leçon dure, mais ils en avaient vu d’autres, et ils s’en remettraient.

Il resserra sa cape autour de lui, tentant d’emprisonner un peu de chaleur contre son corps fatigué. Lentement, malgré la tension encore vivace dans ses muscles, le sommeil l’envahit. Ses paupières s’alourdirent, et bercé par le tangage du navire, il sombra dans un sommeil agité, l’esprit encore hanté par des gardes le poursuivant…

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