Au début du XVIe siècle, les épices sont l’une des marchandises les plus précieuses en Europe. Leur rareté et leur coût élevé en font un enjeu majeur pour les puissances européennes. Depuis la chute de Constantinople en 1453, l’Empire ottoman contrôle les routes commerciales reliant l’Asie à l’Europe, imposant des taxes élevées et limitant l’accès aux marchands occidentaux.
Face à cette situation, les Portugais, pionniers de la navigation maritime, cherchent de nouvelles routes pour s’approvisionner directement en épices. En 1498, Vasco de Gama atteint l’Inde en contournant l’Afrique, établissant un monopole portugais sur le commerce des épices grâce à une série de comptoirs stratégiques en Afrique de l’Est et en Asie. Ce contrôle exclusif enrichit considérablement le Portugal, qui devient une puissance dominante dans le commerce mondial.
Pendant ce temps, l’Espagne, qui mise sur l’ouest après les découvertes de Christophe Colomb, tente de rivaliser avec son voisin. Toutefois, les territoires découverts en Amérique, bien qu’immenses, n’apportent pas immédiatement les richesses espérées. L’or et l’argent ne sont pas encore exploités à grande échelle, et les ressources locales offrent des perspectives limitées en comparaison aux routes asiatiques.
Face à cette rivalité croissante, le pape Alexandre VI arbitre la situation avec le traité de Tordesillas en 1494, un accord qui divise le monde entre l’Espagne et le Portugal le long d’un méridien imaginaire. Le Portugal obtient la domination sur l’Afrique et l’Asie, consolidant son monopole sur le commerce des épices grâce à ses comptoirs en Inde et aux Moluques. En contrepartie, l’Espagne se voit attribuer les terres à l’ouest, y compris le Nouveau Monde. Cependant, ces nouvelles possessions ne garantissent pas immédiatement des revenus comparables à ceux générés par le commerce asiatique. L’Espagne doit donc explorer d’autres solutions pour assurer sa place dans l’économie mondiale.
C’est dans ce contexte que Ferdinand Magellan, un navigateur portugais au service de l’Espagne, propose une solution audacieuse : atteindre les îles aux épices (les Moluques) en ouvrant une voie maritime par l’ouest, évitant ainsi les routes contrôlées par les Portugais. Son pari repose sur l’hypothèse d’un détroit reliant l’Atlantique à une mer inconnue à l’ouest, qui deviendra plus tard le Pacifique. Son expédition vise à trouver une route directe vers l’Asie sans passer par les territoires sous contrôle portugais. Après avoir soumis son projet à Charles Quint, ce dernier accepte de financer l’expédition, voyant une opportunité de briser l’hégémonie portugaise et d’étendre l’influence espagnole. En 1519, Magellan met en place une expédition ambitieuse, composée de cinq navires et environ 270 hommes de diverses nationalités, prêts à affronter l’inconnu.
Notre aventure débute à Séville, quelques jours avant que la flotte ne largue les amarres. La ville est en effervescence, rythmée par les préparatifs de dernière minute.
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